Fiches de dangers

   Renforcer la culture de la prévention 

 

  L'AFTIM Bossons Futé est une association loi 1901 reconnue d'utilité publique.  

 

 

 

                                                                                                       

Vol avec agression, hold up, braquage

FICHE DE RISQUE BOSSONS FUTE N°4

1. INTRODUCTION

  • Définition :
    • Hold up : appropriation avec violence de biens, généralement de l'argent, appartenant à autrui.
  • Risques apparentés (non traités ici) :
    • Agression : attaque non provoquée, injustifiée et brutale, contre quelqu'un (menace, attaque, combat) mais non motivée par un vol
    • Attentat : professionnel quand il survient pendant le trajet du domicile au lieu de travail ou pendant le travail ; à traiter alors comme un accident du travail
    • Escroquerie : appropriation des biens d'autrui par des conditions illégales mais sans violence physique
    • Violence au travail : violence exercée explicitement ou implicitement à l'épreuve de leur sécurité, leur bien-être, leur santé (rapport CEE 1995)
    • Violence institutionnelle : violence exercée sur une ou plusieurs personnes par abus d'autorité
    • Vol simple : appropriation sans violence des biens d'autrui (vol sur les lieux de travail : vol entre collègues, vol par les clients...)

2. DESCRIPTION - EVALUATION DU RISQUE

2.1. CIRCONSTANCES D'APPARITION :

  • La fatigue peut favoriser tous les types d'accidents du travail ou de trajet : blessure par les outils, pincement, écrasement, chute d'objet ou de personne.
  • L'agression a le plus souvent un caractère inopiné mais elle a des circonstances favorisantes à rechercher pour prendre préventivement les mesures adaptées :

2.1.1. VIS A VIS DE L'ENTREPRISE

  • Elle manipule beaucoup d'argent
  • L'argent est présent sous forme d'espèces
  • La sécurisation du lieu est faible
  • Le personnel présent est peu nombreux

2.1.2. VIS A VIS DES CONDITIONS SOCIALES

  • Il existe un besoin d'argent non satisfait dans la population locale (drogue, dettes, chômage)
  • Il existe des savoir-faire techniques et humains à la disposition des voleurs éventuels (moyens de déplacement rapide, armes disponibles, codes d'accès faciles à trouver, turn over important de l'entreprise permettant l'implantation d'un complice)

2.2. MODALITES

  • Les circonstances du vol peuvent être extrêmement diverses :
    • Vol à l'arraché sur le trajet du travail, surtout pour les travailleurs en horaires décalés qui se déplacent souvent de nuit
    • Vol avec agression pour les intervenants à domicile dans certains quartiers (personnel médical, social, services d'entretien...)
    • Vol de la caisse dans les commerces isolés
    • Attaque de coffres-forts ou de distributeurs d'argent
    • Vol avec arme à feu dans les banques
    • Attaque de convoyeurs de fonds : camions blindés, trains

2.3. CONSEQUENCES

  • Les conséquences sont variables pour le salarié victime ou témoin du vol :

2.3.1. CONSEQUENCES PHYSIQUES

  • Décès
  • Coups et blessures

2.3.2. CONSEQUENCES PSYCHOLOGIQUES

  • Conséquences immédiates : choc émotionnel (pâleur, difficulté à respirer, tachycardie, tremblements, spasmes digestifs, crises de larmes)
  • Dans les jours suivants : agitation ou prostration, angoisse, troubles du sommeil, cauchemars
  • Dans les suites d'une agression, un certain nombre de troubles peuvent apparaître. La connaissance de ces phénomènes permet d'en informer les agressés pour une prise en compte précoce qui permettra de limiter les conséquences du traumatisme. C'est ainsi que l'on observe :
    • le besoin de parler de l'agression, des circonstances, du vécu de l'agressé
    • ou à l'inverse culpabilité, déni
    • une anxiété liée à la crainte de la reproductivité de l'acte et/ou de la confrontation avec l'agresseur
    • des troubles du sommeil
    • des sursauts aux bruits
    • la survenue envahissante du souvenir de l'agression
  • Dans les cas les plus graves s'installe un état de stress post traumatique caractérisé par :
    • un syndrome d'intrusion des souvenirs de l'évènement stressant (flash back persistant)
    • un syndrome d'émoussement des affects et un évitement de tout ce qui est lié à l'évènement
    • un syndrome d'hyperactivité neurovégétative
  • et des complications durables :
    • modification de la personnalité : sentiment d'altérité, revendication, hostilité, méfiance
    • consommation excessive d'alcool ou de tranquillisants
    • troubles anxio-dépressifs : inhibition, dépendance à autrui, réduction des centres d'intérêt

2.4. NIVEAU D'EXPOSITION A PRENDRE EN COMPTE

  • Secteur d'activité
  • Fréquence des agressions
  • Gravité des agressions

3. PROFESSIONS EXPOSEES

  • Tous les salariés en contact avec de l'argent :
    • les banques, les services de transport de fond
    • les commerces (de la grande surface au commerce de détail)
  • Les commerces de détail d'horlogerie, bijouterie, joaillerie, orfèvrerie
  • Mais aussi toute personne isolée ou en situation de vunérabilité

4. RISQUES POUR LA SANTE

4.1. ACCIDENTS DU TRAVAIL

  • Les lésions physiques sont les plus évidentes : traumatismes crâniens, blessures par balles ou par armes blanches, fractures, plaies par chute sur la voie publique en cas de vol à l'arraché. Elles doivent être déclarées en accidents du travail, même si elles sont minimes : hématome, écorchure, contusion, plaie. Elles peuvent donner lieu à des séquelles avec IPP (incapacité permanente partielle).
  • Les conséquences psychologiques ne doivent pas être méconnues. Elles peuvent être déclarées également en indiquant éventuellement "choc psychologique dont le pronostic ne peut être fixé ce jour", pour permettre une prise en charge immédiate, puis différée si nécessaire.

4.2. MALADIES PROFESSIONNELLES : pas à priori

4.3. AUTRES

  • Coexistence possible d'une agression physique et psychique (l'une pouvant masquer l'autre)
  • Décompensation d'un état physique ou psychique :
    • aggravation ou apparition d'une pathologie dermatologique : eczéma, psoriasis, urticaire
    • ou psychiatrique : névrose, paranoïa, phobie
  • Apparition d'un syndrome de stress post-traumatique caractérisé par :
    • un syndrome d'intrusion des souvenirs de l'évènement stressant
    • un syndrome d'émoussement des affects et un évitement de tout ce qui est lié à l'évènement stressant
    • un syndrome d'hyperactivité neurovégétative

5. SURVEILLANCE MEDICALE

L'article D.241-16 du code du travail prévoit une visite médicale de reprise à la suite d'une absence pour maladie de plus de 21 jours ou pour accident du travail de plus de 8 jours.

5.1. REGLEMENTAIRE

5.1.1. VISITE MEDICALE

  • Le contenu est laissé à l'initiative du médecin du travail qui doit évaluer la capacité du salarié à reprendre son poste en fonction des risques de celui-ci. Il peut proposer des aménagements (sécurisation du poste) ou une mutation dans un autre service.

5.1.2. EXAMENS COMPLEMENTAIRES

  • Si nécessaires à la détermination de l'aptitude
  • Suivi biologique réglementaire des accidents d'exposition au sang en cas d'agression avec une seringue

5.1.3. VACCINATIONS : néant

5.2. CONSEILLEE

5.2.1. VISITE MEDICALE

  • Dans les suites d'une agression, et même en cas d'arrêt très court, un suivi médical est conseillé, dans l'immédiat puis régulièrement si nécessaire, pour évaluer l'état physique et surtout psychologique, afin de permettre au salarié d'exprimer sa souffrance et de dépister une névrose post traumatique.
  • C'est l'occasion aussi de faire le point sur les risques du poste et les moyens à mettre en oeuvre pour le sécuriser.

5.2.2. EXAMENS COMPLEMENTAIRES

  • Selon les cas, il pourra être nécessaire d'orienter le salarié pour une prise en charge sociale, juridique ou psychiatrique.

5.2.3. VACCINATIONS

  • Contrôle et/ou mise à jour de la vaccination antitétanique en cas de plaie

5.3. SUIVI POST PROFESSIONNEL : néant

6. ACTIONS PREVENTIVES

Les actions préventives vont viser à prévenir les braquages, ou à défaut à les gérer pour en limiter les conséquences.

6.1. PREVENTION TECHNIQUE COLLECTIVE

6.1.1. Structurelles

  • Prévoir des emplacements protégés pour les convoyeurs de fonds
  • Rendre impossible l'accès aux coffres : temporisation, double clef...
  • Prévoir des transports de fonds automatisés (cf. péages autoroutiers, grandes surfaces...)
  • Décourager les braquages en rendant leur action sans objet (en détruisant l'argent convoyé en cas d'effraction par exemple)

6.1.2. Organisationnelles

  • Procéder au ramassage fréquent des fonds
  • Varier les heures de dépôt à la banque
  • Ne jamais laisser un salarié seul
  • Informer les voleurs potentiels des techniques de précaution mises en oeuvre pour les décourager

6.1.3. Humaines

  • Mettre en place une procédure de prise en charge des personnels agressés pour que celle-ci soit connue et opérationnelle en cas de besoin
  • Dépister les sujets sensibles pour éviter de les mettre sur des secteurs à risque de hold up, pour limiter les syndromes post traumatiques

6.2. FORMATION - INFORMATION - SENSIBILISATION

  • A la prévention des agressions : travailler en équipe, ne pas tenter les voleurs (argent invisible, caisse loin de l'entrée...)
  • Au comportement en cas d'agression : ne pas jouer les héros, se comporter avec calme
  • A la conduite à tenir après une agression : suivi psychologique, recherche d'une meilleure sécurité

6.3. PREVENTION INDIVIDUELLE de l'agressé

  • Reconnaître le statut de victime en établissant une déclaration d'accident du travail, même en l'absence de lésion physique (mettre choc psychologique), en témoignant de la compassion
  • Prise en charge rapide des cas d'agression : groupe de parole ou consultation de psychotraumatisme individuel pour reconnaître la souffrance, en permettre l'expression, en permettre l'assimilation et le vécu, évacuer le sentiment de culpabilité, permettre l'accès aux soins si nécessaire
  • Méthode : réévocation de l'agression, relaxation, jeux de rôle, restructuration cognitive
  • Mettre en place un suivi et un retour au travail dans de bonnes conditions (en corrigeant la cause par exemple)
  • Assurer une assistance juridique pour l'aide aux démarches administratives : déclaration d'accident du travail, dépôt de plainte, accompagnement si procès

7. REGLEMENTATION

7.1. TEXTES LEGISLATIFS ET REGLEMENTAIRES

  • Articles L4131-1 à L4131-4 et L4132-1 à L4132-5 du Code du travail : Danger grave et imminent. Droit de retrait.
  • Articles L4612-1 à L4612-7 du Code du travail : Missions du Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail

7.2. RECOMMANDATIONS - NORMES - ETIQUETAGE - SIGNALISATION : sans objet

8. BIBLIOGRAPHIE

  • Guide méthodologique de prévention et de prise en charge des situations de violence à l'AP-HP. Docteur Anne Florentin (Hôpital Robert Debré). A paraître
  • 5e conférence mondiale de la CIST sur la santé au travail des professionnels de santé. Congrès de Tunis 24-27 septembre 2002
  • Agressions sur le lieu de travail - Agir pour ne pas subir. Francis Bourdon. Santé et travail, n°40, juillet 2002
  • Gestion du stress post-traumatique. Santé, homme et travail, n°14, hiver 1997/1998

9. ADRESSES UTILES

  • Violence et travail - Célidé 43 bis rue d'Hautpoul 75019 Paris. Tél : 01-40-18-78-80. Fax : 01-40-18-78-99. E-mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

10. ANNEXES

  • Echelle HAD (Hospital Anxiety and Depression Scale) (Auteurs : A.S. Zigmond et R.P. Snaith. Traduction française : J.-P. Lépine)

AUTEURS : Anne Florentin (médecin du travail) (Hôpital Robert Debré), Françoise Bardon (médecin du travail) (ASMI Annecy) (74), Pierrette Trilhe (médecin du travail) (CMIE) (75)
DATE DE CREATION : Décembre 2002
DERNIERE MISE A JOUR : Mai 2008

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